Soins sans consentement en psychiatrie : plusieurs difficultés constatées sur les décisions de mainlevées.
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PARIS, 14 juin 2013 (APM) - Une petite étude menée au CH de Sainte-Anne à Paris constate plusieurs biais dans les décisions de mainlevées des hospitalisations sous contrainte en raison notamment de certificats médicaux insuffisants ou d’une mauvaise interprétation du juge.
Cette étude a été présentée lors d’une journée organisée vendredi au CH de Sainte-Anne à Paris par le Syndicat des psychiatres d’exercice public (Spep) et consacrée à la révision de la loi du 5 juillet 2011.
Le psychiatre François Caroli (CH Sainte-Anne) a expliqué que cette étude avait été menée dans l’établissement sur les mainlevées par le juge des libertés de la détention (JLD) en 2012. Au total, 46 ordonnances de mainlevée ont été rendues en 2012 (contre 11 en 2013 pour l’instant).
Sur ces 46, 23 dossiers tirés au hasard parmi les dossiers ASDT (admissions de soins à la demande d’un tiers- anciennement hospitalisation à la demande d’un tiers -HDT), ont été étudiés, tous secteurs confondus.
Trois constats ont été dressés sur ces dossiers. D’abord, plusieurs certificats médicaux étaient « insuffisants » ou « contradictoires ». En outre, une « mauvaise interprétation » par le juge a été observée. « Le patient reconnaît la nécessité de soins mais ce que le juge ne voit pas c’est l’incapacité du patient à mettre en place cette nécessité de soins », a rapporté le psychiatre. Enfin, il a cité les irrégularités des mesures.
Concernant les certificats médicaux, le Dr Caroli a fait part d’un exemple d’un certificat qui évoquait l’état d’un patient qui paraissait compatible avec une sortie d’hospitalisation sous contrainte mais demandait en même temps le maintien de cette mesure.
Sur la mauvaise interprétation, il a mentionné un certificat qui signalait un « discours délirant », des « troubles du comportement », et une « hospitalisation sous contrainte à maintenir ». Le juge a alors estimé que le patient faisait « l’objet d’un suivi attentif de la part de son curateur » et que « son hospitalisation lui faisait prendre conscience de la nécessité de soins ». Le juge a décidé de le faire sortir de l’hospitalisation sous contrainte, s’est étonné le Dr Caroli.
S’agissant des irrégularités, il a cité une mainlevée décidée par une Cour d’appel car la décision ne mentionnait ni la date ni l’auteur des certificats médicaux.
Le psychiatre a appelé ses collègues à vérifier les certificats médicaux et à bien montrer dans les certificats la différence entre être apte à comprendre les soins et être apte à accepter les soins.
De son côté, Xavier Gadrat, secrétaire national du Syndicat de la magistrature, a plaidé vendredi pour que les certificats mentionnent également des éléments de nature familiale et sociale. Il a également estimé qu’il fallait que les magistrats soient mieux formés à ces questions, notamment pour mieux appréhender ce public à l’audience.
mh/ab/APM polsan
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