Voici un exemple d'humiliation auquel j'ai pu être tristement spectateur en tant que psychologue-stagiaire dans un service psychiatrique dit "fermé" :
J'ai le souvenir d'une patiente d'une trentaine d'année bien passé, plutôt petite de taille, et toujours avenante avec qui que ce soit. Elle était comme on dit "connue du service", en d'autres termes, elle était fréquemment (au moins 2 fois par an) renvoyée vers ce service en hospitalisation contre son gré dès le moindre écart comportemental de sa part. Sur le plan de l'évaluation cognitive, elle est catégorisée comme débile "moyenne", ou, par un terme masquant plus l'aspect désobligeant de cette catégorie : une dysharmonie du développement cognitif.
Ses hospitalisations sont en général justifiées par "Troubles du comportement", qualificatif psychopathologique plus généralement cité chez les enfants dits "à problèmes". Eh bien vous voyez, tout le fond du problème, il était là !!! Tout le personnel soignant, de façon plus ou moins marquée, lui adressait la parole de manière équivalente que s'il s'était retrouvé devant un enfant de 6 ans... (Dans les cas extrêmes, cet âge projeté avoisinait les 3 ans).
L'objectif thérapeutique implicitement mis en place, me dis-je en observant l'équipe oeuvrer, en plus d'infantiliser cette personne, semblait être de se débrouiller à s'en dépêtrer le plus rapidement possible, étant, elle, fréquemment "en demande"... . Ah oui, "en demande" ! C'est ainsi qu'en vérité on qualifie les patients "collants", "emmerdants", "chiants", "lourds" et "inintéressants". Moi, je dirais plutôt les "patients franchement et sacrément tolérants à l'égard de ces personnes, au point de leurs prêter encore, et c'est là tout l'honneur de ces patients, la possibilité d'être capable de les entendre avec respect !!". Autrement dit des patients dont le dégré d'acceptabilité de l'autre malgré sa violence, est à un tel niveau, que le sommet n'est, à mon avis, pas perceptible par ces philanthropes rémunérés trop narcissiques pour se savoir racistes.
D'ailleurs, j'ai même été témoin d'une scène où un des infirmiers, souvent interpelé par cette patiente, et par conséquent gêné par rapport à ses autres collègues de n'avoir pu s'en dépêtrer, se mit carrément à la prendre et la tirer violemment par le bras jusqu'à la chambre de celle-ci sur un ton, je dirais en usant d'euphémisme, paternaliste.
Cela n'a choqué personne.. évidemment.
Voilà!