En 1998, j'ai été convoquée pour une expertise psychiatrique demandée par le Comité Médical de l'Yonne suite à ma demande de CLM pour dépression (je suis enseignante).

Je me suis donc rendue à cette expertise en toute confiance, à la clinique, pensant avoir affaire à un médecin bienveillant qui m'écouterait, comme le faisait le psychiatre que je voyais régulièrement.

J'ai d'abord eu une légère surprise en voyant que l'expert me faisait asseoir, face à son bureau, sur un siège ridiculement bas, mais n'y ai pas prêté attention sur le coup.

L'entretien a commencé, et j'ai répondu honnêtement aux questions de cet expert qui m'a demandé si je fumais et si je consommais de l'alcool : j'ai répondu oui aux deux questions, car je suis fumeuse et je consommais effectivement du vin et de l'apéritif.

C'est alors que l'expert a tout de suite changé de ton : il m'a carrément accusée (je dis bien accusée) de consommer de grandes quantités d'alcool et de fumer trois paquets de cigarettes par jour. Quand j'ai voulu me défendre, il m'a coupé la parole, notamment quand j'ai essayé de lui faire valoir qu'étant sportive (course à pied), je ne pouvais vraiment pas pratiquer de tels abus.

Puis, il a évoqué mon travail, et à tout de suite affirmé que si j'éprouvais des difficultés, c'était certainement parce que je négligeais mes tâches professionnelles, par exemple que "j'oubliais" de corriger des contrôles, etc.... Il a ensuite affirmé que si "je continuais ainsi, je me retrouverais avec un rapport de mon administration".

Je suis sortie de cette expertise complètement effondrée. Par la suite, j'ai demandé à voir les rapports, qui sont déformés par rapport à ce que j'ai pu dire et qui ne font bien sûr pas état de ses propos.

J'ai revu cet expert une deuxième fois, où, par révolte, j'ai eu une attitude un peu agressive, notamment en jetant mes boîtes de médicaments sur son bureau quand il me demandait quel était mon traitement et en refusant de m'asseoir car j'avais pris conscience que cette façon d'agir visait à diminuer les gens  : ce monsieur s'est bien sûr servi de cela dans son deuxième rapport pour "m'enfoncer" encore plus, me déclarant trop gravement atteinte pour reprendre mon travail devant les élèves.

Le Comité Médical a donc été dans son sens, ce qui fait que j'ai été déclarée par deux fois inapte alors que je voulais reprendre l'enseignement. Je suis maintenant en emploi réadaptation, j'ai 51 ans,  j'ai l'impression que ma carrière a été brisée.

De plus, mon moral s'est aggravé depuis lors : mon psychiatre n'a pas pu ou voulu m'écouter quand je lui ai parlé de cette affaire. J'en ai revu un autre qui met l'aggravation de mon état sur le compte de mon "hyper-réactivité". Bref, tout le monde médical se "serre les coudes" pour refuser l'idée que ce psychiatre s'est prévalu de son pouvoir pour m'humilier. La phrase que j'entends toujours c'est "Eh! Bien voyons, pourquoi cet expert vous aurait-il voulu de mal ?" Bref, c'est moi qui suis paranoïaque ! J'en suis maintenant à mon 3ème psychiatre, car il faut bien que je me fasse prescrire mes antidépresseurs, mais je n'ai plus aucune confiance dans le lien thérapeutique.

Je précise aussi que j'ai voulu entamer une procédure auprès du Conseil de l'Ordre, mais que l'avocat que j'ai vu m'a carrément ri au nez quand je lui ai exposé mon affaire. Pour lui, il n'y avait rien à dire sur les termes du rapport d'expertise, même si certains propos peuvent paraître un peu "limite", et je ne peux pas faire état de ce qui se passe dans un cabinet.

Je voudrais savoir si vous avez d'autres échos d'abus lors d'expertises, car c'est dur de se sentir seule et complètement incomprise.

F.C