2022-07-08 - Parti-pris - A propos des contestations maladives des psychiatrisés

• Pour citer le présent article : https://psychiatrie.crpa.asso.fr/817

Document du vendredi 8 juillet 2022
Article mis à jour le 20 juillet 2022
par  A.B.

2022-06-06 - Tribune - Nos vies valent plus que leur psychiatrie

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CRPA - Cercle de Réflexion et de Proposition d’Actions sur la psychiatrie
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André Bitton.

Paris, le 8 juillet 2022.

Parti-pris - A propos des contestations maladives des psychiatrisés

et de la manifestation inter-syndicale des psychiatres hospitaliers devant le ministère de la Santé du 28 juin 2022

Résumé. Les revendications de l’intersyndicale étant essentiellement quantitatives il n’est pas possible, du côté de la barrière des statuts sociaux et des intérêts en place d’où je me situe, d’appeler à participer à une manifestation telle celle du 28 juin devant le ministère de la Santé.

Parti-pris.

Comme tant de personnes qui ont subi les aberrations du système psychiatrique français, comme celles et ceux qui doivent leur santé au fait d’avoir réagi en ayant pris fait et cause pour les droits des personnes psychiatrisées, et au-delà de l’ironie que je peux y mettre, je trouve que ce qui se passe dans la psychiatrie française est en réalité passablement terrifiant.

Mais devons nous incriminer nos camarades politiques et syndicaux qui, depuis l’ouverture des hôpitaux psychiatriques et des institutions médico-sociales dans les années 1970, vivent sur la déchéance entretenue de millions d’entre nous ?

Ne leur devons nous pas une solidarité syndicale et politique ?

Sachant que ceux qui dirigent la psychiatrie parisienne par exemple, n’ont eu de cesse de combattre les droits des malades, et de néantiser en les pathologisant toute protestation, qualifiable à merci de quérulence paranoïaque y compris sur des voies de fait d’une extrême gravité.

Eux, elles, dont un ancien président de l’Union syndicale de la psychiatrie, syndicat politiquement gauche à extrême gauche, démissionnaire en 2013 de ses fonctions de responsable syndical et de psychiatre du secteur public, disait que dans ce pays en matière de santé (de façon paroxystique en psychiatrie) les syndicats bloquent les réformes ? Y compris celles favorables aux droits des patients.

Toute personne sensée jetée en psychiatrie et conviée à un sort ignominieux ne doit-elle pas prendre conscience qu’il est aberrant et maladif de vouloir contester un système dans lequel le principe de carrière de nombre de salariés de ce secteur a été, des décennies durant, d’en faire le moins possible dans une logique de gardiennage médiqué des malades en attendant la prochaine paye ?

Après tout ce qui compte c’est que sur le cheptel des psychiatrisés certains soignants puissent prélever des patients qui sont solvables pour des prestations en cabinet privé. Quelques autres de ce cheptel cooptés en tant que cobayes humains pour des recherches qui servent d’abord et avant tout au perfectionnement de techniques de domination sur les populations du bas de tableau de la société. Le restant des patients peut très bien croupir dans des hardes hospitalières ou des œuvres caritatives et vivre dans une déchéance sans nom en attendant une mort précoce sous traitements psychiatriques deshumanisants ?

Non vraiment la décence commande que les uns et les autres, par solidarité camarade, nous stoppions immédiatement nos contestations maladives.

Les revendications de l’intersyndicale étant essentiellement quantitatives (voir à ce sujet les positions de l’intersyndicale de défense de la psychiatrie publique, IDEPP) il n’est pas possible, du côté de la barrière des statuts sociaux et des intérêts en place d’où je me situe, d’appeler à participer à de telles manifestations.


Hospimedia - La psychiatrie hospitalière se mobilise le 28 juin face à son « effondrement proche »

Source : https://www.hospimedia.fr/actualite…

Publié le 13/06/22 - 14h45

Un appel unitaire est lancé par les syndicats de psychiatres hospitaliers pour une journée nationale d’action et de grève le 28 juin. « L’effondrement est proche » pour la discipline face à un niveau inédit de difficultés, alertent les praticiens.

« Jamais dans son histoire depuis la libération, la psychiatrie n’a connu un tel danger : l’effondrement est proche », alertent les principaux syndicats représentant la psychiatrie publique dans un communiqué commun diffusé le 10 juin. Face à « la gravité de la situation » pour la discipline, l’Intersyndicale de la défense de la psychiatrie publique (Idepp), le Syndicat des psychiatres d’exercice public (Spep), le Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH) et l’Union syndicale de la psychiatrie (USP) appellent « tous les psychiatres publics à une grande journée d’actions et de grèves » le 28 juin prochain. Ils indiquent que « les modalités de déroulement exactes seront rapidement communiquées à l’ensemble de la profession ».

Conséquences « dramatiques » pour les patients

Cet appel « solennel » est lancé face à la « catastrophe en santé publique » qui se profile, « afin que tout soit mis en œuvre pour éviter le naufrage annoncé ». Il s’agit aux yeux des syndicats d’une « urgence républicaine », qui risque de devenir une « urgence humanitaire ». Ils soulignent que les crises auxquelles sont confrontés les Français (vagues Covid successives, guerre en Europe, etc.) ont eu des « répercussions très importantes », notamment « les plus jeunes avec des vagues d’adolescents arrivant [aux urgences] pour geste suicidaire, angoisse majeure, dépression [ou encore] décompensations ». Le système de soins, déjà en extrême difficulté avant ces évènements, se trouve aujourd’hui « submergé par la déferlante et s’effondre littéralement », s’alarment-ils, estimant que les professionnels ne sont plus en capacité d’assumer leurs missions de service public.

Les représentants des psychiatres hospitaliers disent constater sur tout le territoire national « des difficultés sans précédent » avec « l’effondrement » du nombre des psychiatres dans le service public (plus de 30% des postes vacants) et fuite des médecins vers le libéral, ainsi qu’un déficit de personnel soignant en psychiatrie.

Les conséquences pour la prise en charge des usagers sont « dramatiques », poursuivent-ils, avec :

la « destruction » d’une politique de secteur public de psychiatrie d’intérêt général par la fermeture de structures ambulatoires (centres médico-psychologiques, hôpitaux de jour, centres d’accueil thérapeutique à temps partiel), de lits et d’unités d’hospitalisation « devant l’impossibilité de trouver des soignants et des médecins pour les faire fonctionner » ;

« l’engorgement des urgences » du fait de l’augmentation « majeure » de la demande de soins psychiatriques et de « l’incapacité des structures d’amont à y répondre » avec des patients en attente placés sur des brancards ou dans des bureaux transformés en « chambre » ;

des délais de consultations et de prises en charge « qui ne cessent d’augmenter avec répercussion anxiogène » pour les patients et leurs familles ;

la nécessité de « prioriser » les demandes de soin devant « l’inadéquation des moyens » ;
une perte de sens pour les soignants et les médecins, se traduisant par un « sentiment fort d’insatisfaction, un désintérêt, voire un rejet » de leur exercice dans cette situation ;

« la dégradation des soins portés aux patients, une majoration des tensions et des recours » à l’isolement et à la contention" ;

la dégradation des conditions de travail et de vie ;

« l’épuisement des équipes », ainsi que la multiplication des arrêts de travail et des départs de l’hôpital public.

Caroline Cordier.

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