2020-02-19 " Harcèlement moral : la femme du capitaine Fusina accuse l’armée" (La Marseillaise)

• Pour citer le présent article : https://psychiatrie.crpa.asso.fr/759

Document du mercredi 19 février 2020
Article mis à jour le 18 octobre 2020
par  A.B.

Est ici en cause l’utilisation de l’expertise psychiatrique pour disqualifier un fonctionnaire et le placer en congé d’office longue durée puis en inaptitude ou en retraite d’office. Cette modalité est fréquemment utilisée par l’administration à l’encontre de fonctionnaires titulaires qui ne peuvent pas être licenciés aussi aisément que cela se pratique dans le privé.

2020-10-16 - La Marseillaise - Affaire Cédric Fusina : après la psychiatrie, la prison ?


Coordonnés du collectif associatif pour y regrouper des victimes

M. le Capitaine Cédric Fusina, Président du Collectif Associatif Phoenix (C.A.P.) 880 impasse le Peyron, 83340, Flassans-sur-Issole.
Mail : fusinacedric chez hotmail.fr Tél : 06/34/02/63/26

Lien pour une cagnotte. Solidarité famille Fusina, cliquer sur ce lien


Var : harcèlement moral, la femme du capitaine Fusina accuse l’armée

La Marseillaise, Thierry Turpin mercredi 19 février 2020

Source (site La Marseillaise) : http://www.lamarseillaise.fr/var/so…

Florence Fusina dénonce le comportement de l’armée et l’utilisation de la psychiatrie pour se séparer de personnels devenus indésirables ou encombrants. Elle apporte son témoignage en livrant le dossier de son mari, Cédric Fusina.

Mardi 14 h, au domicile des époux Fusina, à Flassans, petit village du centre Var. Monsieur assiste à l’entretien mais gardera le silence pour ne pas subir en retour les foudres de l’armée et son éventuelle radiation des cadres en représailles. étant soumis au droit de réserve, il ne peut pas s’exprimer directement sur son affaire. Sauf à faire valoir le statut de lanceur d’alerte que les tribunaux lui accorderaient probablement.

« Mon mari connaît le dossier mieux que moi. Je ne suis pas dans les arcanes de l’armée. Mais je suis témoin quotidiennement de tout ce qu’il vit. On m’avait vendu un milieu de cohésion, d’entraide, de solidarité. Mais ça, c’est pour quand tout va bien. Dès qu’il y a un problème, on est mis au placard », expose Florence Fusina.

Cédric est capitaine dans l’armée de terre avec 20 ans de bons et loyaux services à son actif. Contrôleur aérien dans l’aviation légère, il adore son travail et a le souci de faire au mieux dans l’intérêt de l’escadrille qu’on lui a confiée. Jusqu’à ce que la machine se grippe du fait de son tempérament un peu trop perfectionniste.

Du matériel manquant

« Il met un point d’honneur à faire les choses très correctement », reprend Florence Fusina. Ce qui, en tant que contrôleur aérien, semble plutôt une qualité. Mais pour cette raison, il en fait plus que ce qu’on lui demande et surtout reste intransigeant sur le respect des procédures. « Ça n’a pas plu à tout le monde. Il a dérangé un panier de crabes », poursuit-elle. Le fait est - c’est un des éléments portés au dossier même s’il est difficile de prouver la relation de cause à effet - qu’il découvre au cours d’une nouvelle affectation, que le stock de matériel qu’on lui demande de valider ne correspond pas à la réalité. On lui fait comprendre que c’est anodin et de ne pas en tenir compte. Mais inflexible, il refuse de signer le PV. De toute évidence, mal lui en prend. C’est à ce moment-là que démarre le « harcèlement moral » que dénonce son épouse.

« Ils ont essayé de le faire craquer. Ils n’y sont pas arrivés, ni par la surcharge de travail imposée, ni par les noises qu’on essaie de lui chercher. » Rien n’y fait, Cédric Fusina reste droit dans ses bottes. Problème : lors d’une visite familiale, il confie à son père, haut militaire de carrière en retraite, l’épisode difficile qu’il est en train de traverser. Ce dernier décide, sans le prévenir, d’adresser un courrier musclé à l’institution militaire pour se plaindre de la pression injustifiée qu’on exerce sur son fils. Et il a cette conclusion malheureuse qui va être utilisée à charge : « Si mon fils n’était pas aussi solide, il se serait mis une balle dans la tête. »

Refus d’obéissance

« Cette lettre a tout foutu en l’air. On a convoqué Cédric directement chez le psychiatre, qui a pondu une espèce de torchon pour dépeindre quelqu’un que je ne reconnaissais pas du tout. C’était tellement gros », reprend Florence Fusina. Avec arrêt maladie d’office, perte de son commandement et retrait de son accréditation de contrôleur aérien. Et il y aura même deux tentatives d’internement.

« On s’est rendu compte que l’armée utilisait la psychiatrisation pour se débarrasser de personnels dont elle ne voulait plus. La grande muette, c’est pour dissimuler d’horribles choses », lâche-t-elle, dégoûtée.

Le capitaine décide de se battre. Privé de poste de travail, de reconversion, de dignité, il risque même l’emprisonnement pour refus d’obéissance aggravé par l’état d’urgence. Une accusation dont il devra répondre prochainement devant le tribunal correctionnel. En guise de désobéissance, il a refusé d’être reçu à un entretien sans être assisté comme le droit le lui permettait.

Pendant deux mois, on lui retire sa solde alors que son épouse traverse une période de chômage, ce qui a de lourdes conséquences financières sur le couple, avec deux enfants en bas âge, qui se retrouve pour un temps sans ressources.

« On reçoit des recommandés en permanence. On vit avec ça tout le temps », reprend Florence Fusina, épuisée par cette bataille qui lui paraît sans fin. « On a bien compris que sa carrière dans l’armée était terminée mais il faut que cela se fasse de manière correcte. Qu’il ait droit à la retraite pour toutes ces années de service rendu. Et qu’il puisse se reconvertir dans le civil », conclut-elle.

Thierry Turpin
 

La médecine civile invalide le diagnostic militaire

Dans le très épais dossier que nous remet Florence Fusina, plusieurs certificats et contre-expertises viennent mettre à mal l’argument psychiatrique mis en avant par l’institution militaire pour écarter de ses fonctions le capitaine Cédric Fusina. -Le professeur Rondier, psychiatrie militaire, atteste d’ailleurs que « ce militaire ne souffre d’aucune affection psychiatrique actuelle ou passée ». Dans la médecine civile, cela va plus loin. Ainsi, le docteur Farisse, dans sa conclusion, note « qu’aucune contre-indication ni aucune réserve ne peuvent être formulées au point de vue neuropsychologique pour la poursuite et/ou la reprise d’une activité professionnelle ».Continuant, en forme de réponse au médecin à l’origine du diagnostic assassin pour la carrière de Cédric Fusina : « Je n’ai, à aucun moment, pu déceler le moindre signe pouvant être intégré -à une symptomatologie chronique de type délirante. » Il relève en revanche « une souffrance assimilable à celle que ressent un sujet victime d’un harcèlement professionnel, -à ce détail près qu’il est membre d’une institution qualifiée de grande muette et qu’il a eu le tort de se référer à un code moral personnel, ce qu’il assume, voire revendique, -et d’avoir eu un conflit avec sa hiérarchie directe… Ce qui va à l’encontre de la philosophie militaire. » Un traumatisme psychique véritablement subi.