2018-03-14 Live de Mediapart sur la psychiatrie • À partir de la recommandation en urgence de la CGLPL sur le CHU de St-Etienne

• Pour citer le présent article : https://goo.gl/A4EWcy ou http://psychiatrie.crpa.asso.fr/666

Document du mercredi 14 mars 2018
Article mis à jour le 30 août 2020
par  H.F., A.B.

Sur notre site, dossier relatif à la recommandation en urgence de la CGLPL relative au Centre psychothérapique de l’Ain publiée au J.O. le 18 mars 2016.

Lien pointant sur la recommandation en urgence de la CGLPL relative au CHU de St-Etienne publiée au journal officiel du 1er mars 2018 :


Mediapart a consacré un live d’un quart d’heure sur la psychiatrie française actuelle en présence de Mme Adeline Hazan, CGLPL. J’étais également sur le plateau en tant que blogueur sur Mediapart sur ces questions et représentant du CRPA. Le premier thème abordé a été la recommandation en urgence de la CGLPL du 1er mars passé sur le CHU de Saint-Etienne.

Lien pointant sur le report de ce sujet sur You tube :
https://www.youtube.com/watch?v=MUI…

Bonne lecture !

André Bitton.


Notez bien que notre association tient à préciser que pour nous la crise de la psychiatrie française ne s’analyse pas, tant s’en faut, sous l’angle du seul défaut de moyens et de crédits.
 

Témoignages de soignants du CHU de St-Etienne, service psychiatrie

Lien (blog source) : https://reponse2soignantpsychu42.wo…
 

2018-03-17 Le Monde - La parole se libère au CHU de St-Etienne.

reponse2soignant.psychu42

Ce blog amateur explique la situation du CHU de Saint-Etienne, et notamment son pôle de Psychiatrie, vu de l’intérieur.

Complément à l’article du Monde du 17 mars 2018.

Un article du journal Le Monde a été publié aujourd’hui. N’étant pas abonné, j’ai pu prendre connaissance de son contenu par le biais de copies d’écran, en attendant d’acheter l’exemplaire imprimé qui devrait être en vente demain (si j’ai bien compris).

Bref. A la lecture de l’article, je suis partagé entre la satisfaction de voir la problématique du CHU de Saint-Etienne susceptible d’intéresser encore jusque dans les grands médias nationaux, et l’insatisfaction de constater que cet article (qui n’est donc réservé qu’aux abonnés dans sa version intégrale) ne rend compte que d’une infime partie de la réalité.

Je comprends parfaitement qu’il est important pour un média à grand tirage, d’aller uniquement à l’essentiel de l’information. Et je remercie le correspondant local du Monde, qui a malgré tout pu tirer la substantifique moelle des informations glanées auprès des différentes sources.

Mais je crois qu’il est important de pouvoir reprendre ces éléments, afin de compléter le tableau dressé assez justement par Le Monde. Je vais donc œuvrer à cette fin dans ce nouveau billet.

Des « réponses dilatoires » … pas encore d’actualité, et inadéquates
« Des mesures d’urgence ont été prises : aménagement de « salons d’apaisement » et de quelques lits supplémentaires, sas entre les urgences générales et les urgences psychiatriques pour éviter la relégation des patients dans les couloirs des premières. Autant de réponses dilatoires, selon lui. »
Cet extrait de l’article fait référence à des mesures prises pour répondre aux recommandations de Mme Hazan. Et effectivement, ces mesures peuvent sembler ne répondre que de manière imparfaite à la situation. En réalité, la situation est bien pire que cela : elles n’ont pas encore été mises en place, et vont engendrer des effets pervers délétères.

Le sas entre urgences générales et psychiatriques est évoqué, mais comme je le signalais dans un autre billet, rien de concret n’a été réalisé pour le moment. Quant aux salons d’apaisement, et à la création de lits supplémentaires sur le Pôle de Psychiatrie, ils sont planifiés avec des modifications architecturales dans les services existants …

Mais ces modifications vont se faire au détriment de l’organisation actuelle : plus de bureau médical dans les services, des salles de soin moins accessibles (notamment en situation d’urgence). Et surtout des lits supplémentaires … à effectif constant. On sent la méconnaissance des exigences humaines de la Psychiatrie dans la gestion de ce temps de crise par la Direction. Ces mesures sont donc, non seulement dilatoires, mais surtout elles seront inadaptées lorsqu’elles prendront – enfin – effet.

La réalité du manque de moyens pointé

S’il fait référence à la mise en place des équipes mobiles sur le territoire de Saint-Etienne, le journaliste cite une source syndicale parlant d’un « manque de moyens logistiques et humains ». Je ne crois pas qu’il soit ici question véritablement de pointer l’inconsistance du projet d’équipe mobile, qui sera certainement une réponse efficiente dans la prise en charge amont et aval, pour les personnes souffrant de troubles psychiques.

Le souci, c’est plus que cela se fait au détriment de la prise en charge pendant le temps de crise (de « décompensation »). On peut faire le pari qu’une prise en charge amont efficace réduira le besoin d’hospitalisation. Mais l’impératif gestionnaire a ici guidé une réduction draconienne de la capacité d’hébergement hospitalier, conduisant aux effets pervers que l’on sait … La politique de réduction de l’offre du service hospitalier démontre sa nocivité : le soin n’est pas un bien économique comme les autres. L’offre n’induit pas le besoin, et la réduction institutionnelle du premier ne permet de réduire mécaniquement le second.

Je pense en revanche, comme je l’avais d’ailleurs signalé moi-même, qu’il existe une véritable problématique concernant la prise en charge des patients en suite de décompensation. Et celle-ci doit mobiliser jusqu’aux plus hauts sommets de l’État. Sinon, toute politique visant à réduire l’hospitalisation sera un échec, puisque l’hospitalisation s’est vue attribuer dans un détournement de sa nature même, un véritable rôle de suppléance des structures aval à l’heure actuelle.

En cela, il est évident qu’un manque de moyens humains et logistiques existe bel et bien, et qu’il n’impacte pas seulement les structures extra-hospitalières, mais tout l’Hôpital.

L’exemple de la Neuro-Psycho-Gériatrie est plein d’enseignements …
Le journaliste parachève son article en citant des familles de patients rencontrées en marge d’un service de Neuro-Psycho-Gériatrie, rapportant des faits de maltraitance et de contentions qu’ils jugeaient abusives. Il cite ensuite la réponse qui lui a été adressée par la Direction sur ce sujet : Hors-Sujet. Le rapport du CGLPL ne parle pas de ça.

Et effectivement, il n’est absolument pas question du NPG dans le rapport, puisque celui-ci n’est même pas rattaché au Pôle de Psychiatrie. Et pour cause, ce service a pour vocation de prendre en charge les patients présentant des troubles démentiels de type neurodégénératif, tel que la tristement célèbre Maladie d’Alzheimer. Ce qui n’a strictement rien à voir avec les troubles psychiques nécessitant une prise en charge psychiatrique. Pourtant, les patients vieillissants présentant des troubles psychiques sont nombreux dans ces unités, démontrant là encore, une véritable méconnaissance de ce qu’est la Psychiatrie, et une incapacité structurelle à prendre en charge ces patients dans des structures adaptées.

Mais au-delà d’une énième occasion de rappeler le manque de formation des personnels soignants, et de structures adaptées à la prise en charge psychiatrique des patients le nécessitant ; le travail du journaliste permet surtout de mettre en exergue un désastre encore plus grand, et malheureusement d’une actualité encore plus vive. En effet, les services hospitaliers tels que celui du NPG, tout comme la totalité des établissements médico-sociaux prenant en charge des patients porteurs de démence, sont peu contrôlés par les autorités, et notamment le CGLPL.

Mais n’y voyez pas une malice de la part des équipes de ces établissements : ces derniers ne sont pas censés accueillir des personnes pour lesquelles ont été prononcées des restrictions de libertés. Pourtant, tout le monde sait que ces restrictions existent, ici aussi. Mais l’État est l’instigateur de cette maltraitance institutionnelle, puisqu’il refuse de donner les moyens nécessaires à la prise en charge correcte de ces personnes. Voyez le mouvement qui touche les EHPAD : il n’y a pas assez de soignants dans les établissements gériatriques, pour prendre en charge dignement les résidents. Si ces résidents sont atteints de troubles neurodégénératifs, comment êtes-vous alors censés les prendre en charge ?

La contention devient banalisée, ici encore. Et l’État s’en lave les mains puisque, juge et partie, il désorganise le contrôle des libertés individuelles qui n’a même pas lieu dans cet angle-mort du Monde hospitalier … Je pense que la problématique de la Psychiatrie, frontière entre Soins et Libertés (donc bien plus sous les projecteurs médiatiques) n’est que la porte d’entrée qui permettra de se rendre compte de la globalité du malaise du système de soins français … Cette partie de l’article en est la preuve.
 

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mars 17, 2018

CHU de Saint-Etienne : le silence assourdissant de la Ministre

Les recommandations de Mme Hazan, Contrôleure Générale des Lieux de Privation de Liberté, sont parues aux JO depuis bientôt 15 jours. Et depuis, le feu s’éteint, tranquillement, pendant que les cadavres calcinés du Soin hospitalier et de la Dignité humaine fument encore au Pôle psychiatrie du CHU de Saint-Etienne.

Alors, bien sûr, je ne parle pas de la réponse purement réactionnelle de la Direction, effrayée par la tournure médiatique aux premiers jours. Pourtant, il y a beaucoup à dire sur l’ineptie que représente la gestion de cette crise par le CHU. Elles se paieront sur le long terme, les conséquences mal maitrisées des réponses formulées dans une immédiateté qui ne répond qu’au temps médiatique, et sûrement pas au temps sanitaire. J’ai déjà abordé ce sujet ici. Ne tirons pas sur l’ambulance, le Directeur s’en charge.

Non. Au fond, le pire – ce qui ne peut qu’indigner encore plus – ce ne sont pas les réactions administratives, qui cherchent avant tout à répondre aux préoccupations de la Presse, tout en s’assurant que personne ne critique le système de l’intérieur. Le pire, donc, c’est ce silence assourdissant que nous propose Mme Buzyn, Ministre de la Santé. J’espère, au plus profond de mon être, qu’il ne s’agit là que d’un temps de latence visant à préparer une réponse à la hauteur. Mais j’ai peur que ce ne soit pas le cas.

[Edit 15/03/18] Un lecteur attentif m’a signalé, après m’avoir congratulé, que Mme la Ministre avait répondu à la sollicitation de Mme Hazan. J’ai pu prendre connaissance de cette réponse (dont on peut s’étonner qu’elle soit datée du 02 Mars), et je décide cependant de maintenir mes accusations à son encontre : je n’y ai lu qu’une copie du Communiqué de presse de la Direction. Aucune modification de la politique de santé n’est à prévoir sur un plan structurel. « Le problème est conjoncturel, circulez, y a rien à voir », nous dit-on en substance. Tous les établissements de Santé qui se savent concernés, apprécieront.

Un nouveau plan Santé Mentale un peu bancal ?

Alors c’est vrai. J’ai bien lu qu’il y aurait un plan pour la Psychiatrie, établi avant la paru des recommandations du CGLPL. Et ce plan marche principalement sur deux jambes : maintien des budgets et financement d’actions innovantes, surtout dans la Prévention.

Mais déjà, ces deux principes sont paradoxaux : s’il y a maintien des budgets globaux, et financement des projets innovants en même temps, mécaniquement, il y a une baisse du financement de la prise en charge traditionnelle. Et le CHU est un bon exemple de ce que ça va donner …

En Juin dernier, un service d’hospitalisation « traditionnelle » a fermé, ce qui a permis de créer des équipes mobiles pour le territoire de Saint-Etienne. Les moyens sont constants et l’action novatrice est créée : on répond aux deux promesses de la Ministre. Pourtant, le résultat attendu, n’est jamais arrivé : la problématique d’embolisation des urgences, déjà connue auparavant, s’est aggravée avec ce que ça a entraîné de maltraitance institutionnelle et d’indignité.

Pour moi la raison est simple, et il suffit de regarder juste à côté… Il existe un autre territoire de Santé mentale géré par le CHU, où on a un secteur extra-hospitalier avec une équipe mobile, et où ça tourne correctement : le territoire du Gier.

Mais il n’y a pas de secret, l’action visant à projeter le soin hors des murs hospitaliers, était ici bien préparée. Une unité de soins spécifique prépare les patients à la sortie, et on n’a pas supprimé les lits avant d’être certain que les patients tiennent à domicile. Mais surtout, il n’y avait pas une carence médicale avant la fermeture.

Concernant le service du territoire de Saint-Etienne qui a fermé en 2017, cela a été présenté en interne, comme une commande de l’ARS qui arrangeait tout le monde parce qu’il y avait un manque de médecins. Mais le manque de médecins, il existe toujours avec l’équipe mobile (on nous dira que cela va s’arranger, le projet étant plus attrayant … Chacun jugera.). Mais quand on sait déjà la pauvreté médicale, y compris en nombre de psychiatres libéraux sur le territoire, on se doute de la conséquence immédiate de cette perpétuation de la carence médicale couplée à un accueil post-crise à domicile : les patients seront moins souvent vus, moins bien aiguillés, et on va les retrouver aux urgences plus souvent, pris en charge dans des conditions qui vont donc repousser la fin d’un épisode aigu de la maladie.

Peut-on s’affranchir de l’hospitalisation ?

La maladie psychique, c’est une maladie chronique. Cela signifie qu’elle va exister toute la vie, avec des moments où elle s’exprimera violemment (les décompensations), et un équilibre relatif le reste du temps. C’est important de mettre les moyens en terme de prévention, avec le suivi à domicile des patients qui sont stabilisés. Mais si vous ne mettez pas les moyens pour que la phase de décompensation soit prise en charge correctement, alors elle durera plus longtemps. Et là-dessus, on doit en plus répondre à une injonction administrative qui est insupportable : il faut que les patients sortent rapidement de l’Hôpital. L’important, ce n’est pas que l’on soit sûr qu’ils soient stabilisés. L’important c’est qu’ils ne restent pas longtemps. On se retrouve donc à prendre le problème à l’envers.

Je lisais hier un article sur le journal La Montagne, qui parlait de l’embolisation du service des Urgences générales de Clermont-Ferrand. Même le chef de service, qui défendait tant bien que mal son établissement, expliquait que le problème réel était qu’il n’y avait pas de capacité d’accueil en aval. Et ça c’est un ressort ministériel. On assiste dans le monde de la Santé – pas seulement en psychiatrie – à la promotion d’une Médecine qui sort des murs de l’Hôpital. Mais on le fait à rythme forcé, pour des raisons uniquement économiques.

Evidemment qu’il faut plus de prévention et plus de médecine de proximité. Mais si ça se fait au détriment de la médecine de crise, les pathologies vont s’aggraver car elles seront moins bien prises en charge dans les moments de tension, et dans des conditions inacceptables. Pour moi, c’est ce que pointe au fond, le rapport de la Contrôleure, Mme Hazan. Et c’est donc inadmissible qu’il n’y ait aucune réponse de la part de Mme la Ministre Agnès Buzyn. Celle-ci s’offusque pourtant que certains considèrent l’Hôpital comme une entreprise. Elle conduit cependant dans le même temps, une politique de réduction des coûts justifiée par le mirage d’une Médecine de ville préventive, qui pourra s’affranchir de l’Hôpital. Un doux rêve qui met la Santé de millions de concitoyens en péril.

Sur ce sujet, d’ailleurs, le problème de la Psychiatrie est encore plus spécifique. Il faut bien avoir en tête que les pathologies psychiques peuvent créer à long terme, une inadaptation sociale. Et ça, ça conduit forcément les patients à être pris en charge par des structures adaptées, qui ne sont plus des lieux de soins, mais des lieux de vie. Or, ces foyers, ces lieux de vie institutionnels, ce sont aussi des solutions aval pour les hospitalisations. Et là, ce n’est pas un manque qu’il y a. C’est carrément un vide. Ca existe, bien sûr. Mais comme l’État demande aux Départements de restreindre les dépenses, pour conserver leur dotation, ceux-ci, qui sont les financeurs de ces lieux de vie médico-sociaux, n’investissent plus (ou moins). Et on se retrouve même avec des patients qui sont régulièrement envoyés en Belgique, où les prises en charge peuvent avoir lieu plus facilement … Il suffirait peut-être d’en parler à Mme la Ministre des Solidarités … Mme Agnès Buzyn.

Mais d’ici à ce que ces solutions insatisfaisantes soient mises en œuvre, les patients stabilisés en fin d’hospitalisation restent dans des services déjà surchargés. Ou se retrouvent parfois projetés à domicile, parce que bon « Il faut libérer des lits », nous répète la Direction … Nous construisons notre propre échec de prise en charge thérapeutique. Vivement que Mme Buzyn nous donne son avis.

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mars 13, 2018

Misère de la (dys)fonction publique au CHU de Saint-Etienne

Depuis la publication des recommandations du CGLPL, il s’est écoulé une semaine. Les belles promesses du CHU semblent avoir disparues en même temps que le temps médiatique des révélations s’est éteint. Pourtant, rien n’a vraiment changé.

Un médecin urgentiste a frappé un patient agité, pourtant contenu
C’était le week-end dernier. Difficile d’excuser un tel geste. Une déclaration d’évènement indésirable aurait été réalisée. Mais dans le climat actuel, l’incompréhension prédomine : comment peut-on en arriver à cette extrêmité ?

Bien sûr, il y a le danger que peut représenter un patient agité. Et les médecins restent des êtres humains avec ce que cela peut comporter de défauts et de réactions épidermiques. Mais, sur un patient privé de sa capacité de nuire, quel besoin d’arriver jusqu’à ce point de non-retour ? Je n’arrive pas à imaginer que ce manque de clairvoyance soit l’œuvre d’une personne en pleine possession de ses moyens … La faute à qui ? La question reste en l’air …

Il y a encore une chambre à 3 lits sur le Pôle de psychiatrie
Et un patient installé dans un bureau médical sans point d’eau. Les Urgences demeurent surchargées, et les solutions tardent, entraînant des prises en charge dans des conditions insupportables au sein des services. Les patients nécessitant des soins psychiatriques ne pourront pas bénéficier rapidement d’un espace dédié au sein des Urgences : le débat fait rage, dans une bataille de clochers délétère, s’agissant de savoir quelles équipes prendront en charge ces patients.

Il a été évoqué la création d’une salle de transit psychiatrique, au sein même des Urgences générales. Mais les urgentistes ne veulent pas gérer des patients destinés à une prise en charge psychiatrique, alors qu’une équipe de psychiatrie est présente au sein des Urgences. Les psychiatres se positionneront, eux aussi, tôt ou tard, contre la prise en charge de patients non dédouanés somatiquement. Et pendant ce temps, les patients restent accueillis dans des conditions déplorables.

La Direction casse … et re-casse

Les annonces de suppression de postes ne concernent pas la Psychiatrie, actuellement. En même temps, ce serait mal inspiré de mépriser à ce point les conclusions du CGLPL … En revanche, il y a des réductions de capacité et d’effectif sur l’ensemble de l’établissement. Difficile de comprendre cette dynamique quand le manque d’humanité dans le Soin, est pointé au travers d’autres faits divers … Seule la logique comptable demeure. En plus d’attaques répétées sur les postes paramédicaux, ce sont pas moins de 15 postes d’encadrement dans les services de soins qui sont visés. Avec autant d’équipes soignantes qui en référeront donc directement à des cadres administratifs (demeurant, eux, en poste), n’ayant aucune connaissance des spécificités du soin ?

Pour avoir justement osé pointer l’incapacité des administrateurs sur la question du Soin, une cadre de santé de psychiatrie, se retrouve d’ailleurs sur la sellette, sanctionnée par une décision disciplinaire particulièrement injuste. Jugée coupable de lèse-majesté, elle bénéficie cependant du soutien de nombreux autres cadres.

Et si toute l’agitation médiatique n’était qu’un coup d’épée dans l’eau ?
La portée médiatique des recommandations de Mme Hazan a été importante. Pourtant, elle semble déjà s’éteindre. Le vrai scandale n’est-il pas, au fond, qu’entre deux institutions de contrôle, ce soit celle censée défendre les Droits de l’Homme et les Libertés fondamentales, qui ne possède qu’un pouvoir consultatif ? L’autre institution, la HAS accréditante, tenant ses ordres directement d’une Ministre de la Santé restée muette, peut donc continuer de pressuriser le système de soins en « rationalisant » les coûts. Ah ! Cette efficience qui conduit à concevoir l’Hôpital comme une entreprise de production de services sanitaires, plutôt que comme un lieu de soins.

Il est tellement incongru de voir que la dichotomie « qualité / quantité » est réduite à une équation où la qualité n’est que la résultante de données quantitatives plus ou moins bien maîtrisées. L’Humain disparaît peu à peu dans ces considérations qui ne laissent aucune place à une Qualité subjective. Pourtant la subjectivité est la base du travail de tous les soignants, puisque c’est elle qui alimente notre empathie. Et sans empathie, il n’y a plus de Soin.

reponse2soignantpsychu42
mars 8, 2018 3 Minutes

Merci pour les partages !

A l’heure où j’écris ces lignes, ce sont près de 1000 personnes qui ont visionné la page de ce témoignage. Et ce grâce aux partages Facebook principalement, qui sont à cet instant, près de 160 sur tout le réseau.

Pour le média de fond du garage qu’est ce blog créé pour l’occasion, c’est énorme. Et même, comparativement à des médias nationaux, sur le sujet spécifique des suites de ce rapport du CGLPL, on est clairement face à une diffusion très large. Merci à vous, donc !

Je ne vois pas beaucoup d’explications à ce phénomène, étant donné que je n’ai écrit ces quelques lignes qu’avec l’intention de mieux expliquer le problème, avec ma vision de l’intérieur, anonymement et sans prétention. Peut-être est-ce justement ça qui intéresse ?

Toujours est-il que produire un contenu pédagogique est difficile en ce moment.

La Direction de l’établissement réalise un harcèlement qui ne dit pas son nom, afin que les soignants ne s’expriment pas sur le sujet. La pseudo-bienveillance consistant à souligner les grandès qualités des soignants face à un « déferlement médiatique injustifié » a un objectif : récompenser ceux qui se taisent pour leur professionnalisme. Se taire pour que l’affaire disparaisse, le Contrôleur n’étant qu’une institution consultative (qui avait pourtant déjà tiré la sonnette d’alarme en Juin 2017, avec un rapport thématique sur les Personnels des Lieux de Privation de Liberté).

Mais ce professionnalisme vanté, il consiste en réalité à continuer de se soumettre aux injonctions administratives du devoir de réserve et de discrétion professionnelle. Effectivement, celles-ci ont un poids légal. Je sais que, même anonymement, j’enfreins les règles inhérentes à mon statut de fonctionnaire. Ces publications peuvent me valoir des sanctions disciplinaires, jusqu’à la comparution devant un tribunal administratif. Mais les faits dénoncés par les recommandations du CGLPL, sont, eux, des infractions susceptibles d’être jugées devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme.

Je suis devenu soignant pour accompagner l’humain. J’enfreins les droits de l’Administration si je continue de parler. J’enfreins les Droits humains si je choisis de me taire.

Mon choix est donc fait.

Merci de continuer à partager cette page sur Facebook, mais aussi Twitter (#psychiatrie) et de toutes les manières possibles.

reponse2soignantpsychu42
mars 7, 2018



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