2017-04-04 Les subventions aux associations d’usagers en psychiatrie sont-elles légitimes ?

• Pour citer le présent article : https://goo.gl/G870XR ou http://psychiatrie.crpa.asso.fr/633

Document du mardi 4 avril 2017
Article mis à jour le 30 août 2020
par  H.F., A.B.

Sur notre site internet : 2017-03-14 Lettre ouverte à la DGS à propos d’un colloque sur les soins sans consentement en Europe

Ainsi que : 2015-08-10 La représentation des usagers en psychiatrie : une représentation sans contenu

Ou même : 2013-09-29 - Pour une représentation des usagers en psychiatrie digne de ce nom

Pour retrouver cet article sur Mediapart, Les Contes de la folie ordinaire : https://blogs.mediapart.fr/edition/…


Mail ouvert du CRPA à Mme Geneviève Castaing, Cheffe du Bureau santé mentale de la DGS, Ministère de la santé
 

André Bitton, président du CRPA (Cercle de réflexion et de proposition d’actions sur la psychiatrie).

Pour Mme Geneviève Castaing, Cheffe du Bureau santé mentale de la DGS, ainsi que pour ses adjoints.

Copies pour le Bureau du CRPA.
 

OBJET : demande de subvention de l’association d’usagers Advocacy France.
 

Madame,

2017-03-27 Advocacy France - Lettre du Mégaphone n°24, mars 2017.

Dans le bulletin périodique de l’association Advocacy France ci-joint (n°24, mars 2017, diffusé par mail le 27 mars 2017), il est fait état par le rédacteur de ce bulletin, qui est aussi le responsable réel de cette association d’usagers en psychiatrie (M. Claude Deutsch, ancien directeur de foyer de post-cure et psychanalyste retraité), que l’association Advocacy France formule auprès de votre direction une demande de subvention pour pouvoir assurer son rôle de défense des intérêts des usagers en santé mentale.

Le CRPA demande par mon intermédiaire que votre direction refuse de faire droit à cette demande de subvention, pour les raisons ci-dessous exposées.

Comme vous avez pu le constater le CRPA fournit un travail considérable, qui a fait faire un pas en avant extrêmement important à la France sur la question des droits fondamentaux des personnes psychiatrisées sous contrainte, sans demander de subventions (dont nous ne voulons pas).

Notre exemple est le bon.

En effet, il est pour le moins malsain que la communauté des personnes psychiatrisées en France (plus de 2 millions de personnes) soit représentée par des personnes qui sont tenues sur des fonds publics, sans aucune indépendance. Ces personnes censées nous représenter sont en réalité, comme nous ne manquons pas de le défendre depuis plusieurs années, arguments et exemples à l’appui, des espèces de marionnettes corrompues, dont les faits et gestes comme d’ailleurs les prises de position sont neutralisées (et neutralisables) à merci, quand elles existent.

La pratique concrète des ces dernières années nous a amenés à constater que les représentants des usagers en psychiatrie et santé mentale étaient aussi inexistants et potiches que possible.

Nous avons tous vécu et subi le contre exemple de la FNAPSY qui de 2000 à 2012 a vécu des subsides de la DGS (direction générale de la santé), comme d’ailleurs de la DGCS (direction générale de la cohésion sociale) quelque temps, en ne produisant que trois fois rien, dans des conditions qui ont été d’ailleurs très vivement contestées comme vous ne manquez pas de le savoir.

Vous observerez que les dernières thèses abolitionnistes, issues d’ailleurs du Réseau européen des usagers et survivants de la psychiatrie (ENUSP), défendues par Advocacy France, qui consistent en réclamer une abolition pure et simple des mesures de soins sans consentement en psychiatrie, sont purement idéologiques, irréalistes et totalement déconnectées du terrain français.

Notre pays est en effet depuis près de 17 mois sous état d’urgence, l’extrême droite est aux portes du pouvoir, nous subissons une guerre larvée menée par des potentats intégristes islamistes dont un des rêves est d’ailleurs, entre autres délires, de faire de tout juif un juif mort ; la France fait partie des puissances occidentales sous la ligne de mire.

Le CRPA, je vous le rappelle, milite au contraire de façon réaliste pour une judiciarisation accrue des mesures de soins psychiatriques sous contrainte, et pour un net élargissement des droits et voies de recours pour les personnes hospitalisées sous contrainte ainsi que pour les personnes sous programmes de soins ambulatoires sans consentement. Cela dans la ligne directrice qui a été celle qui a mené aux différentes questions prioritaires de constitutionnalité, venant d’ailleurs de nos rangs, qui ont impacté le terrain de l’hospitalisation psychiatrique sans consentement depuis 2010.

Les personnes psychiatrisées en France n’ont aucun besoin de représentants en quête de subsides et de subventions qui soient aussi corrompus et serviles les uns que les autres, mais bien de personnes droites, honnêtes et responsables qui assument leurs responsabilités de porte-paroles en toute indépendance. Cela nécessite donc qu’il y ait une clarification quant aux liens de dépendance et de soumission, par le biais des subventions, entre les associations dont sont issus ces porte-paroles et les pouvoirs publics.

Nous concluons donc que votre administration doit s’abstenir de faire droit à la demande de subventions formulée par l’association Advocacy France. Cette association, comme les autres associations d’usagers en psychiatrie et santé mentale d’ailleurs, doit développer des activités par lesquelles elle puisse s’autofinancer, et rechercher des fonds privés par le biais par exemple du mécénat d’entreprise, comme par celui des levées de fonds par internet à fin de réalisation de projets.

Vous remerciant de l’attention que vous porterez au présent mail.

Veuillez croire, madame la Cheffe du Bureau santé mentale, en ma considération distinguée.