2015-09-10 - Le Parisien • Internée abusivement, elle se bat pour récupérer ses enfants

• Pour citer le présent article : http://goo.gl/DHkeEG ou http://psychiatrie.crpa.asso.fr/527

Document du jeudi 10 septembre 2015
Article mis à jour le 28 août 2020
par  H.F., A.B.

Dossier sur notre site sur cette affaire : 2013-06-12 (Le Monde) Le caractère abusif d’un internement psychiatrique devant la justice

Ainsi que : 2013-09-11 Condamnations correctionnelles aggravées pour des faux certificats médicaux

Ou bien : 2015-01-13 - France 3 Orléans diffuse un sujet sur l’internement abusif de Mme Valérie Dubois, l’été 2010, et sur ses conséquences


Internée abusivement, elle se bat pour récupérer ses enfants

Le Parisien, 10 septembre 2015, Louise Colcombet

Source (Le Parisien, 10 septembre 2015) : http://www.leparisien.fr/faits-dive...

Dans son petit appartement de Saint-Jean-de-Braye, dans la banlieue d’Orléans (Loiret), les classeurs s’étalent sur la table du salon, jusqu’à la recouvrir entièrement. Tous débordent de documents liés aux procédures entamées par Valérie Dubois, engluée depuis cinq ans dans un invraisemblable combat pour récupérer la garde de ses enfants, sur lequel s’est penchée la justice mercredi.

En juin 2010, elle a passé 28 jours en hôpital psychiatrique, un placement d’office que son mari - contre qui elle venait de porter plainte pour violences - avait obtenu grâce à un certificat de complaisance du médecin de famille. Sur les seuls dires de l’époux et sans l’avoir examinée, le généraliste y évoquait un « délire mystique », une femme « dangereuse pour elle-même et son entourage », allant même jusqu’à établir une ordonnance pour de l’Haldol, un puissant neuroleptique.

Depuis, les deux hommes ont été condamnés pour faux et usage de faux à huit mois de prison avec sursis pour l’un, six mois avec sursis pour le second. Hier, c’est devant la chambre civile du tribunal de Paris que la jeune femme de 36 ans et son avocat, Me Raphaël Mayet, ont demandé réparation, assignant l’époux, le médecin, mais aussi l’hôpital psychiatrique ainsi que l’État, décisionnaire via le préfet, des hospitalisations d’office. « Dès son arrivée dans l’établissement, Mme Dubois a expliqué ne pas avoir été examinée par ce médecin. La prudence élémentaire eût été de vérifier la véracité du certificat, argumente Me Mayet. Un mois plus tôt, ma cliente était venue le consulter, non pas pour des problèmes psychiatriques, mais bien pour des violences conjugales ! Il avait d’ailleurs constaté des ecchymoses et prescrit une interruption temporaire de travail de trois jours. » La plainte avait ensuite été classée sans suite.

Mais pour Valérie Dubois, l’essentiel n’est pas là. Depuis son internement, elle ne voit plus ses enfants que deux après-midi par mois, sur décision du juge des enfants, dans le cadre du divorce. « L’hospitalisation d’office signifie que la personne est présumée dangereuse, détaille M e Mayet. Cette présomption a joué et joue encore contre Mme Dubois. »

Pourtant, la mère de famille a fait réaliser des expertises qui ont conclu qu’elle ne présentait aucun trouble. Las, le juge refuse de revoir sa position, malgré la condamnation définitive du mari. « Mon client n’a été condamné que pour un certificat, et pas celui qui a servi de base à l’hospitalisation d’office », nuance Me Caroline Benhaim, son avocate.

Les deux documents sont en réalité identiques, à l’exception de la date. Elle rappelle également l’existence d’une vidéo, qui a pesé lourd dans la décision du préfet, où l’on voit Valérie Dubois qui chercherait à « désenvoûter » son mari. Un document « douteux », selon Me Marie Grimaud, avocate de Valérie Dubois sur le volet familial. De son côté, l’avocat du médecin, M e Bruno Césaréo, reconnaît que son client a commis une faute mais rajoute qu’il était persuadé qu’elle représentait un danger pour elle et sa famille.

Aujourd’hui, faisant défiler sur son portable les photos de Christal, 15 ans, et Yann, 11 ans, Valérie Dubois s’inquiète pour leur santé. « Ma fille a fait une fugue, se scarifie… Pourquoi ne les écoute-t-on pas ? On nous a volé notre vie de famille. »

Le tribunal rendra sa décision le 14 octobre.



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