2015-06-13 Position du CRPA sur la Mad Pride 2015 • Revue de presse succincte

• Pour citer le présent article : http://goo.gl/CU8eJ5 ou http://psychiatrie.crpa.asso.fr/513

Document du samedi 13 juin 2015
Article mis à jour le 30 août 2020
par  H.F., A.B.

Revue de presse sur la Mad Pride 2014 sur le site du Psycom : http://www.psycom.org/Actualites/Co…

Site de l’association Mad Pride France (Vous y noterez un silence total sur la question des internements abusifs) : http://www.lamadpride.fr/madpride2015

Sur la Mad Pride 2016 : 2016-06-11 Communiqué appelant à refuser de participer à la Mad Pride du 11 juin 2016

2017-05-23 La Mad Pride 2017 : sans nous ! (HumaPsy)


Communiqué du CRPA, 30 mai 2015

(Ce communiqué a été validé à l’unanimité par le Bureau du CRPA).
 

Position du CRPA concernant la Mad Pride (ou fête des fous) organisée à Paris le 13 juin 2015.

N.B. : La Mad Pride 2014, qui était la première manifestation de ce genre en France, a eu lieu le samedi 14 juin 2014.

Paris, le 30 mai 2015.

Notre association qui est une association d’usagers en psychiatrie en lutte contre les abus institutionnels, se refuse depuis le début à participer à de telles manifestations. Il est hors de question que nous acceptions de nous mettre bien sagement un entonnoir sur la tête et que nous défilions dans les rues avec cette « fierté d’être fous », que nous contestons formellement d’ailleurs. Nous nous battons contre l’abus et l’arbitraire en psychiatrie ce n’est pas pour nous prêter à de telles mascarades.

Nous appelons d’ailleurs les personnes qui se considèrent atteintes au plan psychique à chercher leurs voies et modalités personnelles pour sortir, dès qu’une consolidation est acquise, du suivi et de la chronicité. Nous ne sommes certainement pas favorables à un enfoncement à durée indéterminée voire à vie, des gens dans les files actives psychiatriques.

Il est par ailleurs hors de question que notre association valide en quoi que ce soit la psychiatrisation de masse à laquelle nous sommes confrontés ces dernières décennies, durant lesquelles des pans entiers de la vie quotidienne des populations sont progressivement passés sous la coupe du pouvoir médico-psychiatrique et des administrations liées.

Cette psychiatrisation de masse où l’on médique à tort des centaines de milliers de personnes pour le plus grand profit de firmes pharmaceutiques et de leurs actionnaires, lesquels d’ailleurs se fichent de la santé mentale des populations, de prescripteurs irresponsables, et d’administrations qui entendent que les laissés-pour-compte de nos sociétés soient sous traitements psychiatriques abrutissants…

Notre association refuse donc totalement de participer à cette mascarade que sont les Mad Pride successivement organisées en France depuis juin 2014.

Comme disaient certains en 2011 dans les manifestations contre le projet de loi sécuritaire du Gouvernement d’alors sur le champ des soins psychiatriques sous contrainte : « De l’écoute, pas (que) des gouttes ! ».


(Hospimedia, 2 juin 2015) Psychiatrie - Des associations d’usagers en psychiatrie appellent « les fous » à défiler à la 2e Mad pride

Publié le 02/06/15 - 16h48 – HOSPIMEDIA | Par Aude Malaret

Source (site Hospimedia) : http://abonnes.hospimedia.fr/articl…
 

Le 13 juin prochain à Paris, des personnes souffrant de troubles psychiques et leur entourage marcheront de l’hôpital Saint-Vincent de Paul (14e arrondissement), symbole de soin et d’enfermement, à la Bastille (11e arrondissement), symbole de la République, à l’occasion de la deuxième édition de la Mad pride. Ce « défilé festif » vise « à changer les mentalités du grand public à l’égard des personnes handicapées psychiques, qui sont encore, toujours, objets de stigmatisation et de discriminations », explique dans un communiqué les organisateurs qui revendiquent un droit à la différence. L’objectif : « être considérées comme des personnes à part entière et non des personnes à part ». Sans oublier d’« encourager une psychiatrie humaniste et une approche moins médicamenteuse, plus dans le dialogue et l’écoute, plus ambulatoire, davantage au cas par cas ».

En 2014, la Mad pride a rassemblé plus de 500 personnes. Elle est organisée par l’association du même nom qui réunit des organisations d’usagers et de proches en santé mentale. Elle a été fondée par les associations Advocacy, Bicycle, France dépression, Schizo ?… Oui !, Humapsy, Vie libre et l’association française de personnes souffrant de troubles obsessionnels compulsifs (Aftoc). Ses membres comptent l’association Aurore, Argos 2001, les groupes d’entraide mutuelle (GEM) La Vague à l’âme et Passerelle, et la fédération Santé mentale France réunissant Santé mentale Croix-marine et l’Agapsy.

Autre moyen d’action, une charte de la dignité en santé mentale a été signée par chacun des membres de la Mad pride qui invitent tous les acteurs de la vie publique et toute personne citoyenne à la signer. Ce texte revendique pour les personnes malades le droit au respect, de bénéficier des aides et compensations nécessaires à une vie indépendante, d’être écoutées dans le cadre de leur traitement, d’exercer leurs droits civiques, d’être prises en compte dans les instances de décisions politiques qui les concernent, dans les commissions d’attribution des droits sociaux et dans les commissions pour la qualité des soins, à être considérés « comme des adultes et non comme des enfants ou des personnes a priori irresponsables ». Par ailleurs, l’usage de la contrainte doit rester exceptionnel, demande la charte.
 

Le CRPA dénonce une mascarade

« Il est hors de question que nous acceptions de nous mettre bien sagement un entonnoir sur la tête et que nous défilions dans les rues avec cette fierté d’être fous, que nous contestons formellement d’ailleurs », déclare dans un communiqué le Cercle de réflexion et de proposition d’actions sur la psychiatrie (CRPA). L’association d’usagers en psychiatrie qui lutte contre les abus institutionnels ne participera pas à la Mad pride le 13 juin prochain à Paris. Dénonçant une psychiatrisation de masse, le CRPA considère par ailleurs qu’il est nécessaire de sortir « du suivi et de la chronicité » afin de préserver les malades « d’un enfoncement (…) à durée indéterminée voire à vie, dans les files actives psychiatriques ».

Tous droits réservés 2001/2015 — HOSPIMEDIA


Réaction de Mme Maïté Arthur, Présidente de l’Union nationale GEM France (2 juin 2015)

N.B. : Cette réaction est publiée par Hospimedia en suite de la dépêche que nous publions ci-dessus.
 

si le but est de faire connaître à un vaste public les situations aberrantes parce que souvent paradoxales voire insensées de la psychiatrie, ses dérives portant atteinte aux capacités de rétablissement largement existantes chez les malades, nous aurions souhaité que des manifestes et des manifestants se déploient dans les grandes villes et non pas que tout se concentre sur Paris. D’autant que nous n’avons pas tous envie d’un défilé grotesque de personnes déjà stigmatisées du fait de leur troubles épisodiques s’exhibant sous des oripeaux les transformant en caricatures.

Nous sommes clients de la psychiatrie, hommes, femmes, jeunes, comme nous sommes aussi clients du médecin de notre quartier et de l’épicier du coin et du libraire. A chacun ses besoins à chacun ses solutions au moment où il faut y répondre. Nous sommes des citoyens, des voisins, des locataires, des clients chez le coiffeur et à la pharmacie, nous nous fournissons dans les boutiques de notre quartier et nous avons des amis, des proches. Pas de cirque, des positions de militants sérieux qui permettent aux citoyens que nous sommes un soin digne, efficace, avec notre consentement, qui nous permette de vivre en citoyen dans la cité.


Ouest France avec AFP, 11 juin 2015. Mad Pride - Une « marche des fiertés » pour les malades mentaux

Source (Ouest France) : http://www.ouest-france.fr/mad-prid…
 

La première « Mad Pride » avait rassemblé environ 500 personne pour dénoncer la stigmatisation et les préjugés face aux malades mentaux. | Fred Dufour / AFP
 

Plusieurs associations organisent samedi à Paris la deuxième "Mad Pride", une marche pour les malades mentaux destinée à combattre les a priori du grand public à leur égard.

« La Mad Pride, c’est le reflet de la non prise de parole pendant des décennies en France », souligne Philippe Guérard, président de la Mad Pride 2015 et d’Advocacy France, association de patients qui coorganise la marche. Organisée en juin dernier, la première « Mad Pride » avait rassemblé environ 500 personnes qui avaient défilé dans les rues de la capitale, vêtues de déguisements divers, pour dénoncer la stigmatisation et les préjugés face aux maladies mentales.

Les organisateurs de la manifestation de samedi (Advocacy France, Bicycle, Vie Libre, France Dépression, Schizo ?…oui, AFTOC, Humapsy, Argos2001, Aurore …) précisent qu’elle a pour objectif de sensibiliser le grand public. « Nous voulons changer les mentalités à l’égard des personnes qui sont toujours objets de stigmatisations et de discriminations du fait de leur état », ajoutent-il.
 

Chars et costumes

La manifestation se déroulera entre l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul et la Bastille, chaque association étant invitée à construire un char et à confectionner des costumes pour « porter des messages de destigmatisation et revendication de la citoyenneté, de manière créative et festive ».
Le défilé sera accueilli à l’arrivée au village associatif « Mad Pride Village » sur l’esplanade du Port de L’Arsenal où de nombreux stands proposeront des activités ludiques et créatives.

Mais comme l’an dernier, plusieurs associations, dont les deux plus grosses du secteur, la Fédération Nationale des Association d’Usagers en Psychiatrie (Fnapsy) et l’Unafam (qui regroupe les familles et les proches des malades), ne font pas partie des organisateurs.

« La situation faite aux malades (mentaux) en France est indigne et ne mérite pas un défilé festif, mais plutôt des défilés revendicatifs en bonne et due forme », a commenté André Bitton, le président du Cercle de réflexion et de proposition d’actions sur la psychiatrie (CRPA), une association qui se bat notamment contre les internements abusifs et les mesures de contraintes aux soins.


Le Parisien, 13 juin 2014 (avec AFP). "Fous et alors ?" : les malades mentaux défilent contre la discrimination

Source (site Le Parisien) : http://www.leparisien.fr/laparisien…
 

« Fous et alors ? » : les malades mentaux défilent contre la discrimination
13 Juin 2015, 16h41

 

Quelque 400 personnes ont défilé samedi à Paris et une centaine à Marseille lors de la deuxième Mad Pride, une marche pour dénoncer la stigmatisation et les préjugés dont sont victimes les personnes atteintes de troubles psychiatriques, a constaté un journaliste de l’AFP.

A Paris, au rythme de percussions ou de fanfares, vêtus de ponchos aux couleurs vives, de tenues d’Arlequin, de pyjamas, de chapeaux de fous du roi ou grimpés sur des échasses, les manifestants ont marché dans une ambiance festive de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul dans le XIVe arrondissement jusqu’à la place de la Bastille. Le cortège, accompagné par des chars richement décorés, rassemblait des patients, des proches de malades et des représentants d’associations.

Derrière une banderole barrée du slogan « Fous et alors ? », pour revendiquer le droit à la différence, ils manifestaient à l’appel de plusieurs associations, dont Advocacy France, Aftoc, France Dépression, Humapsy, Schizo ?…Oui !, Bicycle, Santé Mentale France et Vie Libre.
 

« Marre des grands murs gris »

« Cela fait des décennies que la santé mentale est uniquement montrée comme de la dangerosité », a déclaré à l’AFP Philippe Guérard, président de la Mad Pride 2015 et de l’association de malades Advocacy France.

« Aujourd’hui, on a envie de montrer le contraire, que les fous peuvent être dans la rue et n’agresser personne. Il y en a marre des grands murs gris et des blouses blanches, on a envie de montrer nos couleurs ! » a ajouté M. Guérard, chapeau bigarré sur la tête et collier de fleurs autour du cou.

« Je trouve ça bien qu’on assume et qu’on descende dans la rue pour montrer qu’on est des gens comme les autres », a témoigné Cathy, 42 ans, venue de Bourgogne, qui souffre de troubles bipolaires. Elle arborait une pancarte avec les mots « Je suis bipo, mais je me soigne ».

« L’idée, c’est de venir revendiquer une psychiatrie correcte en France, parce qu’on estime que dans la plupart des endroits, elle ne l’est pas », a souligné de son côté Matthieu, 33 ans, président de l’association Humapsy qui demande « une psychiatrie humaniste ».

« Ce qu’on voudrait, c’est déjà par exemple que l’on arrête le port du pyjama à l’hôpital », a-t-il dit, vêtu lui-même d’un pyjama.

Comme l’an dernier, plusieurs associations, dont les deux plus grosses du secteur, la Fédération nationale des associations d’usagers en psychiatrie (Fnapsy) et l’Unafam (qui regroupe les familles et les proches des malades), ne s’étaient pas jointes à la manifestation. Elles estiment notamment que la situation « indigne » des malades mentaux en France ne mérite pas un défilé festif.

A Marseille, une centaine de personnes, malades et éducateurs, dont un certain nombre déguisées, ont manifesté sur la Canebière au son d’une batucada.

Parmi leurs slogans, figuraient notamment « Plus d’empathie, moins de folie », « Les étiquettes c’est pour les habits », « Dans un monde d’aveugle le fada est roi ! » ou « Un traitement si je veux quand je veux ».

La première Mad Pride avait rassemblé l’an dernier environ 500 personnes dans les rues de Paris.