2013-03-14 - D’après Rue 89 : Elle menace de s’immoler devant Pôle emploi. Elle est internée

• Pour citer le présent article : http://goo.gl/z1Umh ou http://psychiatrie.crpa.asso.fr/325

Document du jeudi 14 mars 2013
Article mis à jour le 28 août 2020
par  A.B.

Cet internement psychiatrique sur décision provisore, en période d’observation, était-il abusif ? En suite de cet article de Rue 89, l’on trouvera un état d’une discussion dans le Bureau du CRPA, sur cette affaire, telle qu’elle a été rapportée par Rue 89.

Sur de tout autres affaires cf. notre rubrique Témoignages : http://psychiatrie.crpa.asso.fr/+-t…


Source : http://www.rue89.com/zapnet/2013/03…

Isabelle Hay, 56 ans qui vit à Vouthon (Charente), a menacé de s’immoler, jeudi 7 mars, devant une conseillère Pôle emploi. Les cadres de l’antenne du Champ-de-Mars à Angoulême ont paniqué, probablement à cause de l’immolation d’un chômeur le 13 février à Nantes.

Isabelle Hay s’est retrouvée internée pendant trois jours en soins psychiatriques et placée en garde à vue.

Elle a contacté un journaliste de La Charente libre, Kevin Cadioch, qui a écrit un article et tourné cette vidéo mardi. Isabelle y reprend l’histoire depuis le début :

« J’ai dit à la conseillère que si je n’avais pas un rendez-vous avec le directeur de Pôle emploi auquel j’ai écrit trois semaines auparavant, et qui ne m’a pas répondu, je viendrai avec une jerrican et des allumettes, tout simplement. »

« Mieux vaut prendre plus de précautions que pas assez »

Puis elle raconte qu’elle a été internée, de façon abusive.

« J’ai eu une violation de domicile par huit policiers (…). J’ai eu huit personnes chez moi, qui ont envahi ma maison et là je n’ai pas compris. Parce que dans l’après-midi, enfin à 12h15, le directeur de Pôle emploi m’avait donné un rendez-vous vendredi à 15 heures et donc j’étais satisfaite (…). Et donc on m’a emmené de force évidemment, on m’a emmené à Girac (l’hôpital de Girac, ndlr), pour faire un suivi psychologique.

On m’a déshabillée, mise au lit comme si j’étais malade. Je ne suis pas malade, ni suicidaire d’ailleurs. Comme ils n’ont pas trouvé de solution, ils m’ont emmenée de force à Camille-Claudel (centre hospitalier Camille-Claudel, ndlr) toujours, on m’a internée, c’est un internement abusif parce que j’avais dit de simples mots, alors que je n’avais aucune intention de faire quoi que ce soit. J’ai été reçue par un psychiatre qui voulait absolument me donner un traitement de gré ou de force.

A la fin des 72 heures de garde à vue, j’ai été réexaminée par un psy et qui a peut-être conclu que cela ne servait à rien de me garder plus longtemps ici. Ces gens-là ont dû porter plainte, et moi aussi je vais peut-être porter plainte.

Ce n’est pas normal, quelqu’un qui veut travailler, quelqu’un qui a besoin de travailler, on l’agresse sans arrêt avec des courriers, avec des menaces, de l’humiliation. »

Joint par La Charente libre, Laurent Coppin, directeur territorial de Pôle Emploi, justifie son appel à la police :

« La dame a réitéré ses menaces. Nous avons donc pris la décision de prévenir les services compétents. Mieux vaut prendre plus de précautions que pas assez. »

Le journaliste a pu vérifier toutes les informations, nous dit-il, et il est en train d’écrire un article pour l’édition de vendredi.


Commentaires des lecteurs :

— Le 16/03/2013 16:51, Philippe DE LABRIOLLE a écrit :

Bonjour à tous,

Le CHD Georges Daumezon (Loiret) a connu il y a un an une immolation en plein service, fatale à l’intéressé. Il s’agissait d’un patient en HL, ayant dissimulé de l’essence dans une banale bouteille en plastique. La famille a porté plainte, estimant que l’hopital aurait du fouiller le patient, même demandeur de ses soins ! De fait, le service a joué le jeu de la confiance. L’affaire est en cours.

La demandeuse d’emploi dépitée ne parle pas d’immolation, si l’on s’en tient aux propos rapportés. Sa menace de revenir avec de quoi mettre le feu a été prise au sérieux, ce qui prouve qu’elle a été écoutée. A défaut d’observation en psychiatrie, ses menaces relevaient de la garde à vue, toute condamnation pénale compromettant son embauche ultérieure. La prise de responsabilité donnant la priorité à l’évaluation mentale, fût elle non consentie et brève ne parait pas nuisible à l’intérêt de la personne menaçante, à moins de considérer que le droit de menacer impunément est à inscrire dans le Droit positif. Qui peut avoir intérêt à radicaliser les procédures jusqu’à la paralysie complète des instances ? Veut-on restaurer la défense individuelle et réarmer le citoyen ? Si cette désespérée met le feu ailleurs qu’à ses vetements, tout porte à croire qu’elle carbonisera des lampistes, pas des décideurs. A tout prendre, ces 72 heures sont un moindre mal. Celui qui y verrait un abus peut-il suggérer une alternative réaliste ? Bien cordialement, Dr Ph. de Labriolle
 

— Le 16/03/2013 17:19, Henri Faure a écrit :

On peut aussi faire observer que cette personne n’avait plus aucune raison de mettre sa menace à exécution, et qu’elle n’avait pas les moyens de le faire. L’arrestation musclée a été faite apparemment bien plus tard que les paroles reprochées. L’administration et les hôpitaux ont quand même fait preuve d’un zèle particulier dans ce cas, alors que les mêmes instances sont étonnamment indulgentes dans des situations au moins aussi graves. Par exemple envers 2 ou 3 racailles qui mentent, diffament, inventent n’importe par pure vengeance. On l’a vu dans des affaires de divorce, de conflits conjugaux et de conflits au travail. Cordialement. Henri Faure.
 

— Le 16/03/2013 17:43, André Bitton a écrit :

Bonjour,

Il est clair que si, pour ma part, je m’étais amusé à une chose pareille dans les années 80 au moment où j’étais inscrit au long cours à l’ANPE Cadres 2 de Paris, je n’aurais pas pu contester mon internement, du moins sur le mal fondé : il aurait été fondé. Par contre, par ce biais attirer l’attention des média sur une situation donnée de chômage et d’impossibilité pour Pôle emploi de remplir son office c’est intéressant. En tout cas, cette femme a eu de la chance de ne se prendre que 3 jours … A vous lire. Bien à vous. André Bitton
 

— Message du 17/03/13 00:52. De : "Henri Faure"

Objet : Article de Rue 89.

Encore une remarque. Il y a quelques jours, deux pères sont montés au sommet de grues pour protester contre le refus qui leur était opposé de voir leurs enfants. Pour justifiées qu’aient été leurs revendications, ils troublaient l’ordre public, ils perturbaient la vie des honnêtes gens et celle du quartier, ils mettaient leur vie en danger, ils mettaient aussi en danger la vie des personnes qui auraient pu aller les secourir, et on aurait toujours trouvé un médecin pour dire que leur état nécessitait des soins. Bref, tous les arguments étaient réunis pour qu’on les jette à l’asile. Pourtant, rien de cela ne s’est passé. Pourquoi ?

Je crois que cet évènement a tellement été médiatisé, que si on les avait internés cela aurait provoqué un tel tolé, qu’ils seraient sortis en 24 heures. Que n’aurait-on pas dit sur les persécutions que l’on aurait faites subir à ces malheureux papas.

Vous avez dit persécution ? Mais ce Monsieur est pourtant en plein délire, et en plus il dit pis que pendre de son ex- qu’il accuse - sans aucun fondement - de le priver de la visite de ses enfants, voila donc son persécuteur désigné. Un bon psy ne peut pas laisser passer ce cas de dangereux psychotique paranoïaque, avec risque de passage à l’acte sur son ex-épouse.

Comme quoi, l’asile, c’est pile ou face, pour certains c’est pile et face en même temps car on choisit après avoir jeté la pièce. Cordialement. Henri Faure.
 

— Le 17/03/2013 09:34, Philippe DE LABRIOLLE a écrit :

Cher Monsieur,

Il y a différentes façons de nuire à son prochain, et la diversité des situations est infinie. Les réponses sociales sont diverses, en conséquence, mais faut il s’en plaindre ? Le père perché sur sa grue a diverti les badauds, et le froid, de mèche avec la faim, l’a dissuadé du jusqu’au-boutisme. Il a su raison garder. Mais vous avez raison de signaler que la présence médiatique a pu jouer un rôle protecteur vis à vis d’une réponse musclée des forces de l’ordre. Qu’il y ait un jeu de pile ou face dans l’avis du psychiatre de faction face à l’autorité publique est un aléa qui détruit la psychiatrie publique. C’est ce qui confirme, comme Monsieur Bitton le note, la necessité des certificats multiples, qui impose la fréquence et la diversité des certificateurs, mesure réductrice de l’aléa, en attendant une intervention judiciaire plus rapide. Mais on ne peut supprimer le principe même des temps d’observation, à moins de supprimer le doute lui-même. Et douter, c’est penser, comme le rappelle Descartes. C’est parce qu’on pense qu’on doute, et qu’on observe, dans des délais "encadrés". Bien cordialement, Dr Ph. de Labriolle