Communiqué du CRPA
C.R.P.A. — Cercle de Réflexion et de Proposition d’Actions sur la psychiatrie
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Si le rapport de l’IGAS de mai 2011 [1] — publié en parallèle de l’adoption par l’Assemblée nationale en 2e lecture du projet de réforme de l’internement psychiatrique — souligne des dysfonctionnements dans les établissements psychiatriques extrêmement graves, dont des maltraitances sur malades de la part de personnels, c’est pour conclure au seul défaut massif de sécurité dans ces établissements et à un accroissement des mesures de sécurité, comme à une meilleure détection de la dangerosité des patients psychiatriques…
Pour les inspectrices de l’IGAS, Françoise Lalande et Carole Lépine, il ne s’agit donc en rien de prôner une humanisation des conditions des hospitalisations psychiatriques et un strict respect des droits fondamentaux des patients, ce qui aurait du être la conclusion logique de ce rapport au vu des éléments rapportés et enquêtés, mais au contraire, d’accroître les mesures de défiance et d’encadrement sécuritaires qui pèsent sur les patients.
Dans de pareilles conditions, notre association dénonce les conclusions de ce rapport qui, pourtant, révèle des réalités dramatiques et authentiques des établissements psychiatriques.
On notera en annexe de ce rapport des données statistiques inédites. Nous connaissons ainsi d’après l’annexe 4 de ce rapport page 36, pour 2009, près de 80 235 personnes tenues sous mesures de contrainte psychiatriques, contre 55 586 en 2006, soit une hausse en seulement 3 ans de 44 % du nombre de personnes sous mesures d’internement psychiatrique. La hausse globale de la population psychiatrisée, que ce soit sous contrainte ou en régime libre, étant de 21 %…
Mais qu’en sera-t-il au bout de 3, 4 ou 5 ans d’exercice de la réforme en cours d’adoption alors même que la légalisation des soins contraints sans hospitalisation complète devrait faire flamber le nombre de personnes sous mesures de contrainte psychiatrique, et alors même que le seul souci de l’autorité sanitaire aura été, comme le démontre ce rapport de l’IGAS, de sécuriser les installations et de mieux se garantir de la seule dangerosité des patients, en faisant de ceux-ci des ennemis intérieurs à surveiller, à juguler, à médiquer, à enfermer… bref à « soigner » (comme on dit !).
André Bitton, pour le CRPA.
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