2011-01-24 Sur l’absence de contrôle judiciaire des H.O. envoi d’une QPC au Conseil d’État

Cour administrative d’appel de Paris

• Pour citer le présent article : http://goo.gl/d1c7B ou http://psychiatrie.crpa.asso.fr/29

Document du lundi 24 janvier 2011
Article mis à jour le 30 août 2020

À l’audience du 24 mars 2011 au Conseil d’État, le Rapporteur public a conclu à la transmission de cette QPC au Conseil constitutionnel.


(Autres affaires : cf. mot 41.)

2011-01-24 (jpa) CAA Paris 4e Ch., Président, Ordonnance 10PA04803, M. X

Question prioritaire de constitutionnalité, QPC, à propos de l’inconstitutionnalité de l’absence d’« intervention » des juridictions judiciaires sur les hospitalisations d’office. Voir aussi 2010-11-26 - Conseil constitutionnel • Décision QPC n°2010-71 Mme Danielle S. Inconstitutionnalité partielle : le Conseil constitutionnel a déjà décidé sur une question similaire mais qui ne concernait formellement que l’hospitalisation à la demande de tiers. Ici la même question est posée, mais s’agissant de l’hospitalisation d’office.
L’avocat ayant obtenu cette ordonnance de transmission de cette demande de nouvelle Question prioritaire de constitutionnalité est Me Raphaël Mayet.


La Décision du Conseil d’État du 6 avril 2011 renvoyant la QPC au Conseil constitutionnel.

Enregistrée au Conseil constitutionnel nº 2011-135 QPC le 7 avril 2011.
Voir aussi nº 2011-140 QPC presque identique.
Portent sur les articles L. 3213-1 et L. 3213-4 du code de la santé publique.

« CONSEIL D’ÉTAT
Nº 346207
Inédit au recueil Lebon
1re sous-section jugeant seule
M. Chantepy, président
M. Alain Boulanger, rapporteur
Mme Vialettes Maud, rapporteur public

Lecture du mercredi 6 avril 2011

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS

Vu l’ordonnance nº 10PA04803 du 24 janvier 2011, enregistrée le 28 janvier 2011 au secrétariat du contentieux du Conseil d’État, par laquelle le président de la 4e chambre de la cour administrative d’appel de Paris, avant qu’il soit statué sur la requête de M. Abdellatif A tendant à l’annulation de l’article 3 du jugement nºs 0908671-1000209-1003119 du 20 juillet 2010 du tribunal administratif de Melun rejetant ses demandes dirigées contre les arrêtés du 13 novembre 2009, 11 décembre 2009 et 10 mars 2010 par lesquels le préfet du Val-de-Marne a ordonné son placement et son maintien en hospitalisation d’office, a décidé, par application des dispositions de l’article 23-2 de l’ordonnance nº 58-1067 du 7 novembre 1958 portant loi organique sur le Conseil constitutionnel, de transmettre au Conseil d’État la question de la conformité aux droits et libertés garantis par la Constitution des articles L. 3213-1 et L. 3213-4 du code de la santé publique ;

Vu le mémoire, enregistré le 10 décembre 2010 au greffe de la cour administrative d’appel de Paris, présenté par M. A, demeurant …, en application de l’article 23-1 de l’ordonnance nº 58-1067 du 7 novembre 1958 ;

Vu les autres pièces du dossier ;
Vu la Constitution, notamment son article 61-1 ;

Vu l’ordonnance nº 58-1067 du 7 novembre 1958 ;

Vu le code de la santé publique ;
Vu le code de justice administrative ;

Après avoir entendu en séance publique :
— le rapport de M. Alain Boulanger, chargé des fonctions de Maître des requêtes,
— les conclusions de Mme Maud Vialettes, rapporteur public ;

Considérant qu’il résulte des dispositions de l’article 23-4 de l’ordonnance du 7 novembre 1958 portant loi organique sur le Conseil constitutionnel que, lorsqu’une juridiction relevant du Conseil d’État a transmis à ce dernier, en application de l’article 23-2 de cette même ordonnance, la question de la conformité à la Constitution d’une disposition législative, le Conseil constitutionnel est saisi de cette question de constitutionnalité à la triple condition que la disposition contestée soit applicable au litige ou à la procédure, qu’elle n’ait pas déjà été déclarée conforme à la Constitution dans les motifs et le dispositif d’une décision du Conseil constitutionnel, sauf changement des circonstances, et que la question soit nouvelle ou présente un caractère sérieux ;

Considérant qu’aux termes de l’article L. 3213-1 du code de la santé publique : "À Paris, le préfet de police, et dans les départements, les représentants de l’État prononcent par arrêté, au vu d’un certificat médical circonstancié, l’hospitalisation d’office dans un établissement mentionné à l’article L. 3222-1 des personnes dont les troubles mentaux nécessitent des soins et compromettent la sûreté des personnes ou portent atteinte, de façon grave, à l’ordre public. Le certificat médical circonstancié ne peut émaner d’un psychiatre exerçant dans l’établissement accueillant le malade. Les arrêtés préfectoraux sont motivés et énoncent avec précision les circonstances qui ont rendu l’hospitalisation nécessaire. / Dans les vingt-quatre heures suivant l’admission, le directeur de l’établissement d’accueil transmet au représentant de l’État dans le département et à la commission mentionnée à l’article L. 3222-5 un certificat médical établi par un psychiatre de l’établissement. / Ces arrêtés ainsi que ceux qui sont pris en application des articles L. 3213-2, L. 3213-4 à L. 3213-7 et les sorties effectuées en application de l’article L. 3211-11 sont inscrits sur un registre semblable à celui qui est prescrit par l’article L. 3212-11, dont toutes les dispositions sont applicables aux personnes hospitalisées d’office. ; qu’aux termes de l’article L. 3213-4 du même code : Dans les trois jours précédant l’expiration du premier mois d’hospitalisation, le représentant de l’État dans le département peut prononcer, après avis motivé d’un psychiatre, le maintien de l’hospitalisation d’office pour une nouvelle durée de trois mois. Au-delà de cette durée, l’hospitalisation d’office peut être maintenue par le représentant de l’État dans le département pour des périodes de six mois maximum renouvelables selon les mêmes modalités. / Faute de décision du représentant de l’État à l’issue de chacun des délais prévus à l’alinéa précédent, la mainlevée de l’hospitalisation est acquise. / Sans préjudice des dispositions qui précèdent, le représentant de l’État dans le département peut à tout moment mettre fin à l’hospitalisation après avis d’un psychiatre ou sur proposition de la commission mentionnée à l’article L. 3222-5." ;

Considérant que les dispositions précitées sont applicables au litige dont est saisie la cour administrative d’appel de Paris ; qu’elles n’ont pas déjà été déclarées conformes à la Constitution par le Conseil constitutionnel ; que le moyen tiré de ce qu’elles portent atteinte au droit à la protection de la liberté individuelle par l’autorité judiciaire, garantie par l’article 66 de la Constitution, soulève une question présentant un caractère sérieux ; qu’ainsi, il y a lieu de renvoyer au Conseil constitutionnel la question prioritaire de constitutionnalité invoquée ;

DÉCIDE :
— Article 1er : La question de la conformité à la Constitution des articles L. 3213-1 et L. 3213-4 du code de la santé publique est renvoyée au Conseil constitutionnel.
— Article 2 : La présente décision sera notifiée à M. Abdellatif A, au ministre du travail, de l’emploi et de la santé, au Premier ministre et au ministre de l’intérieur, de l’outre-mer, des collectivités territoriales et de l’immigration.
Copie en sera adressée pour information à la cour administrative d’appel de Paris. »