2020-06-08 Témoignage sur un internement post-confinement en Vendée

• Pour citer le présent article : https://psychiatrie.crpa.asso.fr/769

Document du lundi 8 juin 2020
Article mis à jour le 3 septembre 2020
par  A.B.

Sur notre site : 2019-02-29 Devenir majeur en chambre d’isolement

Pour retrouver cet article sur l’édition participative Les contes de la folie ordinaire de Médiapart cliquer sur ce lien


Mail reçu le 8 juin 2020

Je suis hospitalisée en soins psychiatriques sur décision du représentant de l’État (SDRE). Quand j’ai eu l’entretien avec le juge des libertés, en visioconférence, ce dernier m’a dit que mon hospitalisation a été signée par le médecin du SAMU venu chez moi (il m’a semblé qu’il y avait des policiers en plus de l’ambulance), et par le médecin psychiatre du secteur nord-ouest du CH Georges Mazurelle à la Roche-sur-Yon, J’étais censée n’y aller que pour une consultation.

Je suis hospitalisée sous contrainte depuis le 22 mai, suite à un appel du 15 de ma soeur qui s’inquiétait pour moi.

J’ai été enfermée pendant cinq jours dans une chambre, sans pouvoir communiquer avec qui que ce soit à l’extérieur. Je n’ai pas pu appeler un médecin ou un avocat puisque mon téléphone avait été confisqué. Pendant cette période, j’ai été emprisonnée totalement sans vêtements, sans mes affaires personnelles, avec pour seule occupation, de la lecture de magazines et d’un livre qu’on a bien voulu me prêter. J’ai été privée de tous droits.

Le 27 mai j’ai eu droit à fumer une cigarette soit cinq minutes dans un patio et le 28 mai, deux sorties de cinq minutes pour fumer une cigarette, en présence de soignants. Ce jour là on m’a redonné mon téléphone.

Si je ne prenais pas le traitement oral prescrit par la psychiatre , je risquais une injection de Loxapac et une mise sous contention, donc d’être attachée. La psychiatre m’a directement menacée et a fait du chantage.

Le 29 mai j’ai eu l’entretien avec la juge en présence d’une avocate, qui a réitéré la régularité de mon hospitalisation. J’ai eu progressivement le droit de sortir plus souvent sans la présence de soignants et de manger avec les autres patients.
Comme je n’ai pas su me taire, je subis une forme d’emprisonnement pour ma protection, et la décision de ma libération revient au Préfet et à la psychiatre.

À Nantes, j’ai été refoulée x fois des urgences alors que j’allais très mal et que ma santé empirait. Les soignants nous demandaient de faire les examens en externe, afin que rien ne paraisse à l’hôpital.

Je suis toujours confinée, en attente d’être libérée et de recouvrer ma liberté. Ma copine m’a apporté des vêtements avant hier, des crayons, et un paquet de M§M’s qui ont été mis en quarantaine pour 48 heures… Pas le temps de les désinfecter.

Ici, les personnes qui vont à une consultation externe même masquées, malgré un test Covid négatif , sont confinées en chambre pendant 48 heures … soi-disant en raison de protocoles pour éviter la Covid. Celles qui sont hospitalisées sont confinées 48 heures selon le protocole du service.

Faute de personnel ou du fait de l’organisation du service nous n’avons pas eu droit aux visites le weekend.

Je tiens à me pourvoir contre cette institution psychiatrique pour violation de mes droits humains.